C’est lundi que lisez-vous ? #1

Histoire de garder un peu animé le blog, un petit récapitulatif de mes lectures. Je vais reprendre le rendez-vous initié par Mallou et repris par Galleane qui consiste à répondre à 3 petites questions.

 

Qu’ai-je lu la semaine dernière ? 

Aurélien de Louis Aragon. J’étais sur ce petit pavé depuis le début de l’année et malgré le temps mis à le lire j’ai beaucoup aimé. C’est la première fois que je lisais du Aragon et je dois dire que son style m’a beaucoup plu, tout en suggestions et en nuances. On nous présente un canevas de personnages tous ayant une psychologie vraiment intéressante et développée, qui vont évoluer dans le Paris mondain de l’après-guerre. La guerre est d’ailleurs un thème qui revient souvent puisqu’il a beaucoup marqué le personnage éponyme. Mais Aurélien est avant tout un magnifique roman d’amour qui ne tombe pas dans le cliché grâce à sa multitude de détails qui créent le récit, aux différentes influences d’Aragon qui se croisent et aux nombreux rebondissements toujours placés dans des scènes clés hors du temps. Je l’ai principalement lu dans le métro et c’était vraiment agréable de pouvoir visualiser les lieux parisiens dont le roman est truffé, ça crée une complicité qui place la lecture dans une sorte de cocon et d’intimité avec les personnages. Je l’ai lu dans le cadre de mes cours et je le conseille vivement ! D’ailleurs si certains sont intéressés, je peux envoyer mon cours à la fin du semestre avec plaisir, par contre forcément il spoile !

 

Que suis-je en train de lire en ce moment ?

Chez soi, une odyssée de l’espace domestique de Mona Chollet. Un essai sur le thème de la maison, de l’espace à soi, sur l’accès aux logements, sur le fait d’être casanier, sur la conciliation entre sa vie en dehors de chez soi et sa vie domestique, sur la place de la femme dans ce logement… Sur plein de sujets qui concernent notre chez nous. Sujet assez original et écrit par une auteure dont j’avais déjà apprécié Beauté Fatale, les nouveaux visages d’une aliénation féminine mais pour l’instant je suis mitigée. Je trouve les idées développées vraiment intéressantes et parfois très originales mais l’auteur s’appuie beaucoup sur sa propre vie notamment pour les deux premiers chapitres. Cependant le chapitre que je viens de lire sur l’accès au logement, un chapitre plus économique que les deux premiers, était vraiment passionnant donc j’ai hâte de le continuer.

Que vais-je lire ensuite ?
Bon je pense que ça va être la question que je zapperai souvent, je ne prévois jamais mes lectures en avance car elles dépendent beaucoup de mon esprit du moment, de l’humeur où m’a laissée ma lecture, du temps que j’ai devant moi, etc. J’adore ce moment un peu indécis après une lecture où tous les possibles livresques me sont ouverts, tous les univers et les genres. Depuis quelques temps je lis pas mal de contemporain en tous cas, à voir si ça sera toujours le cas après mon essai !
Et vous que lisez-vous ? Très bonne semaine !

Bilan livresque de 2015

Pendant l’année 2015 j’ai pu lire 43 livres soit 18581 pages ce qui est un bon bilan pour moi. Mais ce dont je suis le plus contente c’est la diversité qu’il y a dans ces livres : classiques, poésie, contemporain, jeunesse, SFFF, théâtre… Ça manque juste un peu d’essais ! Pendant cette année j’ai pu renouer avec certains de mes auteurs adorés, en découvrir d’autres, être surprise par certains… Revenons sur les livres qui m’ont marquée.

J’ai continué ma découverte de Romain Gary, plus je côtoie cet auteur, plus je l’aime ! Pour tout dire, j’envisage même la possibilité de faire mon mémoire de master en rapport avec lui, je laisse ça mûrir jusqu’en septembre prochain ! J’ai lu cette année Les enchanteurs et La promesse de l’Aube, dans le premier on suit un enchanteur et son père qui combattent la Réalité sur près de 200 ans, le second est autobiographique et centré sur la relation si particulière entre l’auteur et sa mère. J’ai préféré celui-ci mais il faut dire que j’ai un faible pour les autobiographies et le ton qu’emploie Gary pour parler de lui-même, une prétention ironique chargée d’auto dérision, est plein de charme et d’humour. Et c’est grâce à ce style si particulier que Gary arrive à faire de sa vie un véritable roman et des gens qui l’entourent des personnages hors du commun. En premier lieu sa mère, femme de caractère, pleine d’ambition pour son fils et jamais à court de ressource, totalement fantasque par sa démesure mais terriblement attachante. On suit leurs vies de la naissance de Romain Gary en actuelle Lituanie, à la fin de la seconde guerre mondiale, 400 pages où se dévoile tout l’amour d’une mère hors du commun.

L’année a commencé avec des lectures classiques sur le thème des « visages d’Eros » que j’étudiais dans mon cours de littérature comparée. J’ai donc pu découvrir Goethe, Garcia Marquès et Laclos que je devais lire depuis un moment. Ma préférence a été sans aucun doute à L’amour aux temps du choléra, j’en garde le souvenir d’un livre qui fait voyager, qui a une atmosphère vraiment particulière faite d’enchantement, de volupté et d’un arrière-goût un peu amer. Les trois protagonistes sont vraiment intéressants et parfois même surprenants, la narration non-linéaire renverse l’idée que l’on pouvait se faire d’eux au départ et c’est un point que j’ai beaucoup apprécié, j’aime être surprise dans mes lectures ! J’ai bien aimé Les liaisons dangereuses mais c’est surtout l’étude qu’on en a faite qui m’a beaucoup intéressée, par contre Les souffrances du jeune Werther n’ont pas trouvées grâce à mes yeux, mais je ne suis pas une grande fan des héros romantiques…

Niveau jeunesse/young adult j’ai fait connaissance avec l’auteure Rainbow Rowell qui a su faire battre mon cœur de midinette avec Attachements et Fangirl, avec une préférence pour le deuxième. Outre la romance qui est plus surprenante qu’on pourrait le croire au début du roman, l’auteure aborde à chaque fois des thèmes variés et intéressants : la gémellité, l’univers des fan-fiction, l’entrée à la fac et les attentes qu’on peut en avoir… Le tout avec justesse, tendresse mais aussi beaucoup d’humour. Cat est une héroïne vraiment attachante et on avale les nombreuses pages du livre avec délice ! J’ai également lu La bibliothèque des cœurs cabossés de Katarina Bivald, une trame narrative pas forcément surprenante mais l’évocation de nombreux classiques de la littérature m’a beaucoup plu et l’auteure pose des problèmes intéressants sur les choix qu’on peut faire et le courage qui doit les accompagner. Mais en bref, c’est surtout un livre qui fait du bien au moral !

En SF j’ai enfin découvert le fameux livre d’Alain Damasio, La horde du contrevent qui m’a tenue en haleine grâce à une intrigue complexe et passionnante, aux personnages nombreux et ayant chacun leur particularité. On s’attache beaucoup à eux et on apprend à les connaître grâce au style qui change en fonction du personnage, ils ont chacun leur manière de raconter les choses, de les voir, et ce mode de narration un peu complexe à suivre au début est vraiment intéressant, il permet de voir le même évènement de différent point de vue et surtout de mieux cerner les personnages sans passer par de longues explications et en étant plus subtile.
Et en fantasy j’ai fini la saga de L’Assassin Royal de Robin Hobb, commencée il y a bien quatre ans, j’ai avalé les six tomes qui me manquaient pendant l’été, je ne vais pas trop en parler vu que je spoilerai la moitié de la série mais j’ai adoré retrouver les intrigues politiques de Castercelf et les nombreux personnages qui peuplent cette ville.

Et pour finir le contemporain ! J’ai fait une bonne moisson cette année, entre découverte ou redécouverte de certains auteurs.
Muriel Barbery a sorti son troisième livre La vie des elfes que j’attendais avec impatience et qui ne m’a pas déçu même s’il est complètement différent de L’élégance du hérisson. On nage dans une ambiance féérique à la limite de l’onirisme. On connaît finalement très peu les personnages, on n’a pas leur psychologie entière mais juste des esquisses qui vont à l’essentiel. C’est surtout l’atmosphère qui est très particulière, j’avais l’impression d’être en suspension quand je lisais. Tout est dessiné de manière à peine appuyé, on suit les mots en se laissant emporter et sans se poser de questions. L’écriture est magnifique, je pense que c’est un roman à lire à voix haute pour vraiment s’immerger dans cette campagne farouche entourée d’une certaine magie sombre et de beaucoup de mystères.

J’ai aussi redécouvert Catherine Cusset, je n’avais pas trop aimé Indigo mais Un brillant avenir a eu plus de succès. Il s’étale sur plusieurs années, nous suivons l’histoire d’Hélène en alternant des chapitres biographiques qui racontent son histoire et des chapitres plus actuels, de nombreux thèmes sont abordés à travers cette femme forte qui a émigré aux États-Unis avec son mari et son fils : le deuil, la religion, l’éducation, l’indépendance des enfants… Je ne saurai pas vous le résumer brièvement, surtout qu’une partie du plaisir vient de la découverte de l’histoire d’Hélène, mais je vous le conseille vivement !

Dans les découvertes : Joël Dicker et Thomas B. Reverdy. J’ai enfin lu La vérité sur l’affaire Harry Québert du premier, je l’ai commencé sans trop savoir de quoi ça parlait et j’ai beaucoup aimé. Cela faisait longtemps que je n’avais pas été prise dans un roman comme ça, l’envie de savoir ce qu’il va se passer, lire quelques pages même si ce n’est que deux dès qu’on en a l’occasion… Ce thriller est assez original puisqu’il détourne un peu les codes du genre, déjà il s’étale sur 850 pages, ensuite la temporalité est assez large et le récit ne suit pas une ligne chronologique, on fait des bonds dans le passé, les points de vue sont variés et présenté très subjectivement sans trop de mise à distance donc on a du mal à démêler le vrai du faux. Il y a des réflexions intéressantes sur l’écriture, sur les relations, la vie dans les petites villes, mais surtout j’ai admiré les renversements de situation que l’auteur mène d’une main de maître ! Bon je suis un peu nulle pour trouver la fin des livres, là j’en imaginais une qui me plaisait déjà bien mais l’auteur réussit à aller encore plus loin et j’ai beaucoup aimé être surprise comme ça. J’ai eu la suite à noël, Le livre de Baltimore, j’espère qu’il sera aussi bien.

Pour le second, Il était une ville de Thomas B. Reverdy, je pense en faire une chronique dans la semaine, elle est déjà en partie préparée donc ça devrait aller vite.

Sur ce, bon week-end à tous, je vous laisse avec le nouveau single d’un groupe que j’affectionne, The Jezabels :

Quelques livres en vrac… (5)

Ça faisait longtemps que je n’avais pas fait un petit melting-pot de mes lectures avec des avis rapides, donc en voilà un nouveau pour quelques livres dont j’aimerais vous parler !

Sinon, j’en profite pour des petites nouvelles, je rentre en partiels lundi pour deux semaines mais après je serai en vacances (enfin cela dépend de si je travaille maintenant ou plus tard en été…). J’espère en profiter pour pouvoir lire lire lire et lire (si possible au soleil), et donc chroniquer ! Voilà, voilà, passons aux livres !

 

Hôtel Particulier - SorelHôtel Particulier
Guillaume Sorel

Genre dont je vous parle très peu (jamais ?), voilà un roman graphique que j’ai véritablement adoré et qui a été un joli coup de cœur. Les dessins sont vraiment enchanteurs, baignés d’une lumière magnifique, dans les tons épurés qui donnent un côté très tendre à l’histoire, et qui sait devenir plus cruelle avec des couleurs stridentes. L’histoire mêle le fantastique avec le réel mais de manière si naturelle que cela parait normal. Il y a un grand nombre d’allusions littéraires très appréciables et originalement exploitées. Je ne trouve rien à lui reprocher et je pense l’acheter dès que possible pour le relire ou du moins le feuilleter souvent ! Recommandé très fort, il se lit vite, se trouve généralement en bibliothèque, il n’y a aucun échappatoire possible là. 😉

Édition : Casterman

Le ProcèsLe procès - Kafka
Franz Kafka

Je découvre cet grand auteur pour les cours, et puis un peu parce que je vais à Prague quelques jours en vacances alors c’était quand-même bien de découvrir cet auteur avant pour visiter son musée consacré ! Je suis ressortie de cette lecture totalement perdue, je ne savais pas quoi en penser, si j’avais aimé ou non, etc… Au final j’en garde un assez bon souvenir, surtout grâce aux études que j’ai pu lire sur ce texte qui me l’ont éclairé. Une bonne découverte, surprenante et intéressante.

Édition : Folio Classique

Le ravissement de Lol V. Stein - DurasLe ravissement de Lol V. Stein
Marguerite Duras

Une petite nouvelle de cette grande auteure si connue et un peu intimidante… Eh bien c’est un style grandiose que j’ai rencontré, elle introduit ici un procédé très intéressant, celui de nous narrer l’histoire à travers un narrateur interne à l’histoire, qui connaît les personnages, mais qui ne nous est pas présenté. Assez déstabilisant et intrigant beaucoup ! L’histoire en elle-même n’est pas passionnante mais tellement courte qu’on l’avale très rapidement, malgré le malaise que Duras insinue au fil des pages. Je continuerai ma découverte de l’auteur !

Édition : Folio

Une poignée de gensUne poignée de gens - Wiazemski
Anne Wiazemski

Magnifique livre ! J’avais déjà lu Une année studieuse de l’auteure dont la plume tout en finesse, évoquant le sujet de l’amour mais sans niaiserie m’avait séduite, et j’ai été très heureuse de la retrouver. Ce livre nous plonge dans l’univers paysan de la Russie du début du XXème siècle pendant la seconde guerre mondiale, lorsque les Bolchevicks cherchaient à s’emparer du pouvoir et que les paysans se révoltaient. Pour cela on entre dans l’histoire d’une grande famille de Russie à travers la figure de Nathalie, qui épouse le prince de la maison.
L’histoire des premiers chapitres qui se passe en 2004 n’a comme but que de nous introduire l’histoire grâce à Marie qui va se retrouver à s’intéresser à ses racines russes pour x raison.  Les transitions entre les deux époques sont bien menées et peu nombreuses, heureusement car le roman étant court trop d’aller retour n’aurait pas permis d’aller au fond des choses.
C’est donc un roman sur les origines, sur la condition paysanne et noble au début du XXe en Russie, sur la Seconde guerre mondiale, mais également un roman sur la famille, et qui se fonde sur une belle histoire d’amour qui m’aura fait verser une ou deux larmes à la fin…
Bref, je conseille vivement !

Édition : Folio

Ce qui nous lie - BaillyCe qui nous lie
Samantha Bailly

J’ai beaucoup aimé le style d’écriture de l’auteur qui malgré une simplicité apparente trouve des formules qui marchent, qui font mouche et qui révèlent un vrai travail sur les mots. Malgré tout les dernières pages ne m’ont pas spécialement emportées, je suis restée assez distante vis à vis de l’héroïne même si l’auteur a réussi à m’arracher une petite larme au début du livre. Du coup ce début que j’ai beaucoup aimé en m’a fait attendre sûrement trop pour la suite qui ne m’a pas convaincue, du moins sur la romance car j’ai trouvé la relation entre Raphaël et Alice assez déplaisante. Sinon l’idée des liens entre les gens est très originale et m’a beaucoup plu. Par contre au niveau des personnages j’ai beaucoup aimé Jonathan et Sébastien, ainsi et surtout que la grand-mère d’Alice à laquelle on s’attache très vite. Une bonne découverte au niveau du style donc, mais la romance m’a un peu refroidie…

Édition : Milady

J’espère que ces avis vous donneront envie, et n’hésitez pas à me dire si vous en avez lu certains ce que vous en avez pensé ! 😉

La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette

La Princesse de Clèves - La Fayette

La Princesse de Clèves met en scène, à la cour du roi Henri II, un trio tragique : le duc de Nemours est épris de la princesse de Clèves, qui l’aime en retour, mais est adorée de son époux… Par refus de s’abandonner à une passion coupable, la princesse commet l’irréparable : elle avoue tout au prince. Et cet aveu central dont dépend l’issue du drame a fait couler beaucoup d’encre, ainsi que le résume la romancière Marie Darrieussecq : « Les premiers lecteurs de Mme de La Fayette, au XVIIe siècle, le jugèrent invraisemblable : quelle épouse pense devoir informer son mari de ses tentations adultères ? Au XVIIIe siècle, cet aveu, on l’a trouvé charmant. Au XIXe, immoral. Au XXe, idiot : mais quelle l’épouse donc, son bellâtre de cour ! Et au début du XXIe, on dit qu’il ne faut plus lire ce livre, mais c’est encore une autre histoire. »

Première phrase : La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que dans les dernières années du règne de Henri second.

Edition : GF Flammarion

Nombre de pages : 362 pages

Mon avis :

La princesse de Clèves… Lorsque l’on en entend parler sa réputation de roman ennuyeux, plein de noms et d’intrigues de cour précède le roman en lui-même. Et à tort !

J’étais la première, ou en tous cas pas la dernière à le penser. Je l’avais lu en seconde et ça avait été assez laborieux, je crois même que j’avais sauté pas mal de pages dans la première partie. Et ma relecture fut une véritable découverte, j’ai donc très hâte de l’étudier à la fac pour en voir tous les mécanismes cachés.

Il est vrai que la première partie est remplie de 25 noms par pages, d’alliances entre diverses personnes, de maîtresses, de roi et de reines… Et il y a facilement de quoi se perdre. Mais finalement j’ai beaucoup aimé cette première partie où avec quelques retours en arrière pour se souvenir qui est telle personne ou telle autre, on arrive à avoir un aperçu de la cour assez global et cela permet de situer La princesse de Clèves par rapport à toutes ces personnes. De plus, on ne reste pas uniquement concentré sur la cour dans laquelle la Princesse évolue, il y a également des retours dans le passé sur certaines intrigues pour mieux comprendre les rivalités qui sont en place au moment où se passe l’histoire.

Mais il y a aussi la description de l’héroïne, Mademoiselle de Chartres, future Princesse de Clèves : une très jeune-femme n’ayant jamais vécu à la cour et donc très pure, vertueuse, mais également pleine d’éclat et d’une grande beauté. Beauté dont on comprend qu’elle l’expose particulièrement dans un lieu où elle est louée.

Dans tout le livre il y a vraiment un côté tragique, on sait que ça ne finira pas bien et la fin n’est pas l’intérêt du livre même, l’intérêt c’est cette sorte de destin funeste que les personnages eux-mêmes s’emploient à mettre en place au nom de convictions, de principes, de respect d’une personne.

La Princesse de Clèves est également connu comme le premier roman psychologique français, et cette fois à raison.  La Princesse de Clèves est torturée par ses sentiments, elle se découvre au fur et à mesure du roman, découvre ce qu’est l’amour, la jalousie, elle analyse son comportement et ce que ses actions ou celles d’autrui pourrait provoquer.

Ce thème principal de l’amour (interdit) rappelle les romans précieux par les personnages de la Princesse et du Duc de Nemours, son amant interdit, qui sont tous les deux supérieurs aux autres par leur beauté et leur éclat ; par les nombreuses réunions dans les salons où l’amour est le thème principal des conversations…

Mais j’ai surtout pensé au libertinage à la lecture de ce roman. Il se voit particulièrement à travers les conversations dans ses salons où il s’agit de séduire mais sans se faire remarquer des autres, donc en utilisant un langage propre, des moyens détournés pour se faire comprendre de la personne désirée. On voit également le libertinage dans le personnage du Vidame de Chartres qui est loin d’être fidèle, mais également dans le comportement de Madame de Thémines, une soi-disant veuve éplorée…

Sinon, mis-à-part la première partie du roman, et encore, je trouve ce livre plein de rebondissement et d’actions (oui, oui, d’actions). La passion qui ressort de ces pages donne un véritable élan au roman, une étincelle qui fait qu’on suit les personnages dans leur amour.

Je pense également que le fait de l’avoir déjà lu m’a apporté un regard différent que lors de ma première lecture, je savais sur quoi il fallait que je m’attarde, j’ai fait attention à des détails que je n’aurai pas forcément vu en le lisant pour la première fois… Un livre à lire et à relire donc !

Evidemment le style est délicieusement suranné, les constructions ne sont pas les mêmes au XVIe siècle qu’au XXIe forcément mais on se régale. Il y a une grande délicatesse, une certaine pudeur, un style assez naturel et pas prétentieux du tout.

Pour conclure, la redécouverte d’un magnifique classique de la littérature française qui montre les ravages que la passion peut faire dans le cœur d’une jeune-femme vertueuse, méritante et honnête,  et les tourments qu’elle peut apporter.

Quelques livres en vrac… (4)

Après quelques mois d’absence (révisions, orientation, bac (que j’ai eu), décontraction, vacances) me voilà de retour, et je l’espère plus régulièrement.

Tout d’abord, un petit récap. J’ai lu pas mal de livres ces derniers mois, surtout durant les vacances, pas autant que je l’espérais évidemment mais c’est souvent comme ça !

Je commence à la rentrée une licence de lettres modernes parcours édition (quelques cours spécialisés dans ce domaine et stage lors du dernier semestre de la licence). J’espère que j’aurai le temps de chroniquer quelques livres fréquemment, et peut-être même les livres étudiés en cours : Madame Lafayette et Marivaux me voilà ! En tous cas je suis vraiment ravie de faire ce parcours et j’ai hâte de voir comment ça va être.

 Passons maintenant aux livres que j’ai lu cet été :

Une chambre à soi - Woolf Une chambre à soi

Virginia Woolf

Première rencontre avec cette femme hors paire (et pas la dernière !), je commence donc par un essai. Et quel essai ! Virginia Woolf expose le besoin qu’a une femme d’avoir une pièce pour elle uniquement où elle pourrait écrire en toute tranquillité et ce qui permettrai une grande avancée dans la condition littéraire de la femme. Mais pas que ! Tout d’abord, l’essai est mis en scène : nous sommes à Oxbridge, où les bibliothèques sont interdites aux femmes si elles n’ont pas d’autorisation, idem pour la pelouse. Les règles sont posées, nous sommes dans un monde où les femmes ont besoin du conscentement masculin pour faire quoi que se soit. Virginia pose alors la question : comment une femme peut-elle réfléchir, écrire, penser, si elle ne peut être seule à aucun moment ? Elle pose alors deux postulats, pour que les femmes puissent se voir accorder une place importante dans la littérature il leur faut : une chambre où il est possible de s’enfermer à clé, et 500 livres de rente, au point de préférer cette dernière condition au droit de vote qui venait d’être accordé en Angleterre. L’essai est divisé en plusieurs chapitres qui traitent de choses différentes. Dans le premier, elle cherche des livres sur la condition féminine pour expliquer le fait qu’elle soit si différente de celle des hommes, et décide de chercher chez les « doctes », mais s’aperçoit bien vite qu’ils ne sont jamais d’accord, et surtout, qu’il n’y a que des hommes qui ont écrit des livres sur les femmes s’en faisant une spécialité. Un par exemple, est basé sur l’hypothèque que Shakespeare aurait eu une sœur aussi talentueuse que lui, mais qu’à cause de la pression des hommes elle n’aurai jamais réussi à s’élever et pire, serai morte déchue. Dans d’autres, elle compare la littérature écrite par des hommes à la littérature écrite par des femmes, en évoquant de grands auteurs et surtout, parlant en beaucoup de bien de Jane Austen. L’écriture est un fleuve, on navigue au gré de la pensée de Virginia qui nous est livré comme brute, bien qu’on sente qu’il y a derrière une grande réflexion et un important travail sur les mots.

Edition 10/18

Clarissa - ZweigClarissa

Stefan Zweig

Ce livre là me tentait depuis un bon moment mais je n’ai jamais eu l’occasion de l’acheter, et puis la demoiselle de ce blog me l’a offert pour mon anniversaire, donc me voilà partie en voiture vers la mer avec.
C’est une petite nouvelle qui se lit vite et qui est très entraînante. L’histoire se déroule sur plusieurs années et on ne cesse de rencontrer des personnages qui viennent et repartent dans le livre. Parfois on les recroise, parfois pas, mais ils restent toujours présents à notre esprit tant ils sont marquants. Clarissa est une femme discrète et très attentive aux autres mais qui ne laisse rien voir d’elle-même. On la découvre petit à petit dans ses rapports aux autres, dans les choix qu’elle fera, dans ses doutes, ses convictions. C’est une femme engagée et fidèle a qui on s’attache énormément tout au long du roman. J’ai vraiment tout aimé dans ce livre : le père de Clarissa, un homme très peu démonstratif mais aimant pour qui la stratégie militaire est toute sa vie, son frère, son amant et la liberté de leur relation, l’époque décrite : l’entrée dans la première guerre mondiale… Zweig signe encore là un merveilleux portrait de femme qui prend vie dans la grande Histoire dans cette nouvelle qui est un véritable bijou à lire absolument !

Edition Le Livre de Poche

Mrs Dalloway - WoolfMrs Dalloway

Virginia Woolf

Je poursuis ma découverte de cette grande dame, de ce génie, qui n’a pas eu besoin de plus des quelques pages de l’essai dont j’ai parlé précédemment pour me convaincre de son talent. Après l’essai, le roman.
On ne peut pas dire qu’il se passe grand chose dans ce livre, en effet Virginia Woolf veut nous décrire « la vie d’une femme concentrée en une seule journée ». Pas qu’il ne se passe rien dans la vie d’une femme, on a à travers cette journée tous les petits gestes habituels mais aussi des rencontres qui ravivent le passé et l’on passe d’une conscience à une autre qui nous fait vivre ce passé à travers des souvenirs. On suit donc Clarissa Dalloway mais aussi un homme revenu de la guerre qui ne ressent plus de sentiments et qui tombe dans la folie peu à peu, homme qu’on perçoit à travers ses yeux mais aussi ceux de sa femme, ceux du médecin, ceux de Mrs Dalloway qui le croise dans la rue… Le roman est ainsi fait de passages de relais entre deux consciences qui nous font voyager entre différents personnages plus ou moins liés. Le style de cette dame est toujours enchanteur et extrêmement raffiné, on pourrait noter chaque phrase en citation. Beaucoup d’allusions, certaines directes d’autres moins, sont faites à la mer, aux vagues, et à l’eau en général, ce qui est assez éclairant, surprenant ou stupéfiant quand on connaît la manière dont elle s’est suicidée… Je garde donc l’image d’un roman avec quelques longueurs mais qui se font oublier par le style magnifique et qui mérite une relecture car je pense qu’on n’en saisit pas toute la richesse à la première lecture. Pour l’instant j’ai préféré son essai.

Edition Folio Classique

L'ignorance - KunderaL’ignorance

 Milan Kundera

Je continue ma découverte de cette auteur à petit pas. Ce livre évoque le rapport que nous avons au temps, et plus particulièrement à notre passé. A travers Iréna et Joseph, immigrés de Prague pour Paris pour la première et pour le Danemark pour le second. Chacun retourne à Prague vingt ans après leur départ, et y éprouve un sentiment de rejet de la part des autres qui ne leur posent aucune question sur leur vie ailleurs. Eux se sentent incomplets sans leur vie à l’étranger qui fait partie d’eux, les autres leur refusent leur nouvelle identité, s’ils veulent revenir il leur faut oublier ces 20 ans. Tant Sylvie, l’amie française d’Iréna que les praguois, ne comprennent pas que ces immigrés n’éprouvent pas de nostalgie pour leur pays, et pour cause, ils ont maintenant la nostalgie de leur pays d’accueil. Evidemment, ces deux protagonistes vont se croiser, une nouvelle fois car ils s’étaient déjà aimé dans leur jeunesse, et une réflexion en naîtra. L’écriture est intéressante car elle mêle récit et paragraphes qui se rapproche de l’essai qui explicitent un peu l’histoire par une comparaison à Ulysse et à son retour à Ithaque après 20 ans d’absence. En résumé, une réflexion intéressante sur le besoin qu’on a de son passé pour vivre.

Edition Gallimard nrf

Millenium 3 - StiegMillénium 3 : La Reine dans le palais des courants d’air

Stieg Larsson

Voilà, dernier tome de la sublissime (oui, au moins) saga Millenium achevé. Je dois dire que je suis en deuil à l’idée de ne plus revoir Mickaël et Lisbeth dans des aventures haletantes et complexes comme ce le fut pendant ces trois tomes (franchement Stieg, t’aurais pu rester en vie un peu plus longtemps…). En tous cas, on peut dire qu’il finit sur un tome magnifique ! Toujours mêlant le thriller, l’économie, la politique, la police, le journalisme d’investigation, le droit des femmes, dans des affaires qui s’élèvent à un niveau international. En effet, le grand méchant de l’histoire n’est rien d’autre qu’un ancien espion russe ayant trouvé terre d’asile en Suède contre des renseignements… Nous entrons dans la SAPO, la police secrète de Suède, où un grand complot s’est monté. Le talent de Stieg Larsson est de nous offrir de nombreux personnages au charisme fort et à la personnalité nuancée, tant ceux qui sont du « bon » côté que ceux qui sont du « mauvais », mais surtout des enquêtes ultra documentées qui ne font qu’enrichir en permanence la qualité non contestable du roman. L’écriture est rapide, efficace mais avec une véritable verve. Pour moi ce tome est le meilleur et rattrape merveilleusement bien le tome deux que j’avais trouvé par moment un peu lent. En bref : à lire ABSOLUMENT !!

Edition Actes Sud


L'homme à la colombe - GaryL’homme à la colombe 

Romain Gary

Depuis que j’ai découvert cet auteur il y a trois ans, je découvre ces œuvres peu à peu, et celle ci me tentait tout particulièrement. Romain Gary a travaillé un moment à l’ONU à un haut poste, et s’est rendu compte très rapidement de la vacuité de cette organisation. Ce livre à la plume acerbe et sans appel dénonce de manière très directe les Nations Unis, après Albert Cohen et son roman Belle du Seigneur dans lequel est dénoncée la Société des Nations à travers ses employés qui font des cocottes en papier dont la taille varie selon l’importance ce l’employé (et ce n’est qu’un exemple parmi les moyens qu’emploie Cohen pour dénoncer cette institution…), nous avons Gary et l’ONU. C’est à l’occasion de ce roman qu’il utilisa un pseudonyme, car lors de la parution de ce livre, il travaillait encore à l’ONU. Autant, la manière d’écrire et les descriptions de l’ONU m’ont fait beaucoup rire, autant l’histoire que Gary met en place pour développer cette critique ne m’a pas convaincue du tout. D’ailleurs, je m’en souvient déjà presque plus… Je conseillerai donc de seulement lire les extraits qu’on peut trouver sur internet qui peuvent être un bon aperçu de la satyre qu’est ce livre.

Edition Gallimard, L’imaginaire

Voilà pour les livres ! Il y en a eu d’autres, mais je n’éprouve pas l’envie de les chroniquer, et un article suivra consacré entièrement à Lire Lolita à Téhéran de Azar Nafisi.

J’espère que vous avez passé de bonnes vacances, que si vous y êtes encore vous en profitez bien, et que si vous n’en avez pas encore eu qu’elles seront reposantes ! Bonne fin d’été à tous ! 🙂

Quelques livres en vrac… (3)

Bonjour à tous !

Plus d’article depuis un moment sur ce pauvre petit blog, et la faute au bac (uniquement et seulement, pas du tout à cause d’une petite baisse de motivation !). Mais il y a néanmoins quelques livres que j’ai lu dont j’aimerai vous parler, donc je vais uniquement faire des petits avis rapides.

La vie rêvée d’Ernesto GLa vie rêvée d'Ernesto G - Guenassia
Jean-Michel Guenassia

Après Le club des incorrigibles optimistes (dernier livre de la liste) qui avait déjà été un coup de cœur  j’ai renoué avec l’écriture entraînante de cet auteur passionnant dès la sortie de son second livre. Et c’est de nouveau un coup de cœur ! A travers ce roman nous vivons une véritable fresque historique composée des événements historiques majeurs, de chassés-croisé de personnages, de différents pays , de nombreuses villes… Un aperçu fictionnel mais néanmoins réaliste de l’Europe du XXè siècle. Tout commence et s’achève à Prague mais nous passons entre temps à Paris, à Alger, à Chamonix… On croise un pléthore de personnages hauts en couleurs qui se révèlent peu à peu et au sujet desquels on ne sait parfois que penser. Les périodes qui m’ont le plus plu sont celle à Alger, qui m’a permis de découvrir cette ville et de voir la seconde guerre mondiale d’un point de vue plus extérieur, et celle à Prague, lorsqu’on suit Héléna, la fille de Joseph et son improbable histoire d’amour avec ce légendaire Ernesto G… La vision proposée par l’auteur de la Guerre Froide est passionnante et j’espère pouvoir visiter Prague un jour après y avoir imaginé une telle histoire. Un roman envoûtant et instructif qui nous plonge dans les méandres d’un siècle si riche.

Editions Albin Michel
535 pages

La valse aux adieux - KunderaLa valse des Adieux 
Milan Kundera

Après avoir découvert Prague par le livre précédent et d’avoir eu la chance de discuter et d’échanger quelques mails avec son auteur qui m’a conseillé du Kundera je me suis plongée dedans sans trop attendre !  Au final je n’ai pas vu beaucoup Prague mais j’ai énormément aimé. Dans ce genre de roman, ce n’est pas vraiment l’histoire qui est utile, mais ce qu’elle sert à amener comme réflexion. Ici elle est plutôt simple, un homme qui trompe sa femme dont la maîtresse tombe enceinte. Toute une réflexion philosophique autour de la jalousie, du rapport à autrui, de la liberté… Avec un fond politique qu’on peut apercevoir en filigrane qui plane sur tous les habitants de cette agréable ville d’eau. Dernier point, le style de l’auteur qui est très brut et simple mais néanmoins d’une finesse rare. Je retenterai très prochainement une escapade dans l’univers si plaisant de Milan Kundera.

Editions Folio
328 pages

Platon et son ornithorynque entrent dans un bar, la philosophie expliquée par les blagues (sans blagues ?)Platon et son ornithorynque - Cathcart & Klein
Thomas Cathcart & Daniel Klein

Les titres font quand même généralement beaucoup dans notre choix de livres… Et celui-ci est quand même assez irrésistible. Le livre est divisé en plusieurs parties qui renvoient chacune à un thème de la philosophie (métaphysique, logique, épistémologie, existentialisme, philosophie politique et sociale…) chacun étant sous divisé en plusieurs catégories reflétant les différentes mouvances philosophiques. Et ainsi, chaque concept est expliqué tout d’abord par les auteurs dans des termes simples et de manière amusante puis illustrée par des exemples sous forme de blagues. Pour tout dire, leur explication de Descartes me l’a fait apprécier… ce qui n’était pas une mince affaire ! Certaines blagues sont très drôles, d’autres un peu moins mais on passe un très bon moment tout en s’instruisant car si c’est expliqué de manière accessible ce n’est pour autant pas vulgarisé. Alors à votre philo !

Editions Seuil
254 pages

Nos étoiles contraires - GreenNos étoiles contraires
John Green

Alors voilà, je ne lis quasiment plus de littérature jeunesse, mais là j’ai succombé à cause de facteurs divers. On suit Hazel et Augustus, tous les deux atteints d’un cancer. Il y a plus réjouissant je vous l’accorde. Et effectivement on pleure (beaucoup) mais on rit aussi, et il y a une force et une luminosité dans ce roman si sombre qui font qu’on en sort pas totalement déprimé (juste un peu). L’écriture est très fluide et une fois ouvert on ne le referme que la dernière page tournée et les yeux qui brillent d’émotion. Une belle histoire qui nous prend au cœur et qu’on n’oublie pas rapidement.

Editions Nathan
331 pages

Gatsby le Magnifique Gatsby le magnifique - Fitzgerald
Francis Scott Fitzgerald

Lu pour mon cours d’anglais, j’ai peu aimé ce roman à cause de ses personnages creux et superficiels qui m’agaçaient au plus haut point et qui rendent la lecture pénible, et l’analyse qu’on en a fait en cours a confirmé cela. Mais j’étais en désaccord avec l’analyse concernant Daisy principalement, or j’ai été voir le film (que j’ai beaucoup aimé, plus que le livre d’ailleurs, il le respecte bien en y ajoutant même certain éléments et en accentuant le thème des années folles) et il propose une adaptation avec laquelle je suis plus en accord, donc j’ai été un peu réconciliée avec ce livre mais pas au point de le relire ! Cependant je conseille le film, très beau et entraînant.

Editions Folio
202 pages

Les trois romans suivants ont été lus dans le cadre du prix Relay pour lequel j’ai été sélectionnée pour faire partir du jury, et les minis avis que voici sont à peu de mots près ceux que j’ai envoyé comme critique.

Yellow birds - PowersYellow Birds 
Kevin Powers

Me voilà  embarquée en Irak malgré le fait que ce roman ne se rapproche pas du tout de ce que je lis habituellement. Les périodes de combats alternent avec les chapitres d’avant et d’après guerre et j’ai été plus conquise par le style d’écriture de la première, plus rapide, vif et brutal qui reflète la violence, que par celui plus posé et lent, plus descriptif qui montre le désarroi et le mal, voir l’incapacité que le soldat a à revivre une vie normale après les horreurs des conflits. Psychologiquement la seconde partie m’intéressait plus, mais son style a fait que j’ai eu du mal à me concentrer dessus. Le roman s’accélère à la toute fin, et cette accélération aurait été la bienvenue un peu plus tôt dans le roman.
Finalement, un roman nécessaire qui informe sur la guerre et ses conséquences sur la vie d’un homme mais qui ne m’a pas convaincu plus que ça…

Editions Stock 
264 pages

Luke et Jon9782841115105
Robert Williams

Un roman agréable, qui se lit très vite et facilement avec comme thème une relation amicale entre deux adolescents, l’un ayant perdu sa mère et dont la pensée du deuil est le fil rouge du roman, l’autre un garçon un peu excentrique qui se fait violenter au collège. Deux thèmes difficiles à évoquer, et encore plus du point de vue adolescent. Et pourtant l’auteur réussit avec brio à les transcrire avec un style simple mais élégant et beaucoup d’humour malgré les situations parfois graves qui y sont présentées. Les personnages sont attachants et la narration intéressante, on alterne souvenirs et présent sous forme de très courts chapitres, ce qui rend la lecture très fluide. Il m’a malgré tout manqué un petit quelque chose, le petit plus qui fait que j’aurai accroché totalement.
Au final, une histoire vite lue avec plaisir et sourires mais à laquelle il manque un petit peu de pep’s.

Editions Nil
222 pages

Crime d'honneur - ShafakCrime d’honneur
Elif Shakaf 

Un livre dont on ne ressort pas indemne ! Une multitude de personnages avec des liens de parentés plus ou moins proche dans lesquels on se perd souvent au début mais qu’on finit par comprendre au fil des pages par la découverte des caractères bien propres à chaque personnage. On voyage entre la Turquie et l’Angleterre avec cette famille Kurde qui va se séparer pour prendre des chemins différents. Amour et religion, respects des valeurs traditionnelles et volonté de s’adapter dans un pays occidental, sont autant de thèmes qui s’entrechoquent et se croisent tout au long de ce magnifique roman plein de vie et de personnages passionnants. Le roman s’étale à travers plusieurs générations, on suit donc plusieurs personnages et l’évolution de leur vie ce qui donne un très bon rythme au roman qu’on ne lâche que difficilement.
Pour conclure, un livre à lire, qui montre un choc des cultures de manière grandiose à travers un fabuleux roman qui ne laisse pas indifférent.

Editions Phébus
416 pages 

Voilà quelques avis rapides qui permettent de faire revivre un peu le blog d’une manière qui ne me prend pas trop de temps ! Effectivement le bac avance à grands pas et je suis en train de me mettre à jour dans mes fiches (plus que deux chapitres de philo !) et de réviser les chapitres déjà appris, donc je ne pense pas avoir le temps de revenir d’ici la fin des épreuves qui est le 21 juin.

Sinon, j’ai fêté mes 18 ans et j’ai eu deux livres à cette occasion qui me tentent énormément et que je pense lire pendant les vacances, et je me suis fait un petit cadeau également, ont donc rejoint ma bibliothèque : Belle du Seigneur d’Albert Cohen, Lire Lolita à Téhéran d’Azar Nafisi et Mon journal, morceaux choisis de Marie Bashkirtseff, une artiste au haut tempérament de le fin du XIXè siècle que je suis en train de lire.

Sur ce, je nous souhaite que le soleil revienne afin qu’on puisse de nouveau sortir un peu lire sur l’herbe !  Et en attendant, bonne lecture au chaud sous la couette…

Lorenzaccio d’Alfred de Musset

LORENZO : Ma jeunesse a été pure comme l’or. Pendant vingt ans de silence, la foudre s’est amoncelée dans ma poitrine ; et il faut que je sois réellement une étincelle du tonnerre, car tout à coup, une certaine nuit que j’étais assis dans les ruines du Colisée antique, je ne sais pourquoi je me levai ; je tendis vers le ciel mes bras trempés de rosée, et je jurai qu’un des tyrans de ma patrie mourrait de ma main. J’étais un étudiant paisible, et je ne m’occupais alors que des arts et des sciences, et il m’est impossible de dire comment cet étrange serment s’est fait en moi. Peut-être est-ce là ce qu’on éprouve quand on devient amoureux.

Première phrase : LE DUC : Qu’elle se fasse attendre encore un quart d’heure, et je m’en vais.

Edition : Folio théâtre

Nombre de pages : 318

Mon avis :

Oui, je sais, j’avais dit que parler des livres que j’étudiais en cours n’était pas ce que je préférais. Mais il se trouve que j’ai eu l’idée folle (un jour d’inventer l’école…) d’essayer de m’en tenir à au moins un article par mois, or cela fait un peu (beaucoup) plus d’un mois que le précédent article (Anna Karénine donc si tout le monde suit) a été posté, et étant donné que depuis je n’ai pas lu beaucoup ou alors seulement papillonné entre quelques livres et que de plus, j’ai envie d’écrire autre chose que des dissertations sur Lorenzaccio, je me lance dans un avis sur cette pièce à la richesse incroyable. (Annonce subtile pour dire que le billet risque d’être long… Vous êtes prévenus).

Lorenzaccio est un drame romantique écrit en 1833 et publié en 1834 dans le cycle Spectacles dans un fauteuil, cycle regroupant des pièces n’ayant pas à vocation d’être jouées mais seulement d’être lues. Ce cycle a vu le jour suite à l’échec de Musset au théâtre avec la pièce Nuits vénitiennes qui a été très déclamés par les critiques de l’époque. On va déjà parler de l’histoire, ou plutôt de l’Histoire et des histoires.

De l’Histoire car la pièce s’inspire d’un de ses nombreux épisodes pour la trame principale du récit et les personnages en général, et des histoires car un nombre important d’intrigue se tissent dans cette pièce. C’est tout d’abord l’histoire de Florence, ville berceau de la Renaissance italienne, qui se retrouve sous le joug d’un Médicis, le Duc Alexandre, faisant passer ses intérêts personnels avant la gouvernance de cette ville si chère aux habitants.

La pièce se passe en 1536 et s’inspire d’éléments réels de cette époque, non dans le but forcément de les faire connaître, mais surtout car ses évènements ressemblent à ce qui se passe en France au moment où il écrit ce livre. L’envie d’éviter la censure, ajouté au souhait romantique de dépaysement et de voyage explique le lieu et la date où se déroule la pièce. En France, la Révolution a eu lieu depuis quelques années et s’est fait suivre de la Terreur, de l’empire napoléonien qui a été une débâcle  et de l’espoir avorté de la révolution de Juillet à laquelle s’est substituée une énième monarchie. Musset, enfant de cette génération atteinte du mal du siècle fera ressentir son idéal politique dans cette pièce à travers des personnages historiques, devenus sous sa plume, théâtraux. Pour cela Musset met plusieurs intrigues en place.

La principale trame concerne le personnage éponyme de ce roman qui porte un masque, masque qui se confond parfois avec son véritable visage. D’une part il est le Lorenzo corrompu par le vice qui accompagne le Duc de Florence, dans toutes ses visites nocturnes et nuits d’ivresse ; de l’autre un Lorenzo honnête qui n’approche le duc dans l’unique but de le tuer et rendre à Florence sa beauté et son éclat perdus. Républicain désenchanté, il effectuera son action sans croire qu’il pourra réellement faire changer quelque chose. Ce personnage, complexe et double, est difficile à cerner à cause du masque qu’il dit porter mais qui déteint de plus en plus sur son âme. A partir de là on se demande s’il agit vraiment dans un but républicain ou s’il a cédé à la tentation de la débauche. Il ne nous donne jamais réellement la clé, mais la vision des autres personnages sur lui sont un relais pour nous, pauvres lecteurs parfois un peu perdus ! Lorenzaccio par son caractère double est très intéressant, et les flash-back sur son enfance lors de ses discussions avec sa mère contribuent grandement à l’attachement qu’on lui porte car ils nous permettent un suivi du personnage, une vision de son évolution.

Deuxième intrigue, celle du clan Strozzi, avec à sa tête Philippe Strozzi que l’on peut voir comme un père pour Lorenzo. Famille importante et républicaine de Florence, elle s’oppose également au régime instauré à Florence.  Philippe dans son rôle d’idéaliste républicain fait figure du père attaché à ses enfants, d’un homme droit et juste en qui on peut avoir confiance. C’est un des personnages que j’avais le plus plaisir à lire, ces paroles toujours empruntes d’une sagesse due à l’âge sont souvent un régal tant dans la forme que dans le fond. Son côté pacifique s’oppose à celui de son fils Pierre qui est d’un naturel assez violent et impulsif qui contraste avec la pondérance de son père.  Dernier membre clé de la famille, Louise, la pupille, l’honneur de la famille. C’est d’un incident avec cette dernière que découlera l’intrigue Strozzi.

Dernière intrigue, celle de la Marquise de Cibo, une des quatre femmes de la pièce et la plus mise en avant. Totalement indépendante des autres intrigues, son attachement à Florence la pousse à se sacrifier en trompant son mari avec le duc, espérant que grâce à ces charmes elle arrivera à lui faire changer de politique. Autre personnage important de l’intrigue, le Cardinal, confesseur mais également beau-frère de la Marquise, qui va essayer de la faire chanter en la menaçant de dévoiler au Marquis sa liaison si elle ne l’aide pas dans ses rêves ambitieux d’avoir le pouvoir. Le plan de la marquise échouera, mais malgré ça elle apparaît comme une femme rusée et qui ne cède pas aux pressions exercées sur elle, elle va au bout de ses convictions et ne se laisse pas faire, ces traits de caractère la hisse au même niveau que Philippe Strozzi dans le palmarès de mes personnages préférés de la pièce.

Vous aurez compris qu’avec tant d’intrigues, il y a forcément nombre de personnages importants, je vous ai esquissé un portraits des principaux mais pas moins d’une trentaine construisent la pièce et introduisent diverses réflexions.

La ville de Florence a un rôle important dans cette pièce, plus qu’un lieu elle peut s’apparenter à un personnage par la proximité qu’ont les personnages avec elle. Tantôt mère, tantôt bâtarde, son omniprésence dans la pièce la rend incontournable et importante. Sa vision change selon les personnages qui en parlent mais il y a néanmoins un attachement viscérale pour beaucoup des personnages à cette « forêt pleine de bandits ».

Que dire d’autres ? Le genre de la pièce, allons-y. Lorenzaccio est une des pièces majeures du drame romantique qui a été théorisé par des auteurs comme Stendhal, Hugo ou de Vigny dans différents textes. Son appartenance au genre se confirme par le non respect de l’unité de lieu et de temps, par le lieu et la date où se place l’action, par la multiplicité de ses personnages et décors; par le symbole politique qu’il présente et par la mélancolie qui s’en dégage. Tant d’éléments qui sont en rupture totale avec le théâtre classique et présentent le drame romantique en un exemple bien concret.

Et qu’en est-il de sa représentation ? Malgré le côté non-représentable dont Musset a doté sa pièce, elle a été mise en scène de nombreuses fois mais toujours de manière « tronquée » : disparitions de scènes, de dialogues, d’acte même entier ! Je dirai donc que Musset a réussi son pari car Lorenzaccio porté au théâtre mérite plus le nom d’adaptation que celui de représentation.

Pour conclure, c’est une pièce extrêmement dense et qui rompt totalement avec le théâtre classique, ce qui la rend passionnante à lire et à étudier. Mieux vaut connaître le contexte avant de se lancer dedans sinon le début de la pièce peut paraître un peu compliqué à comprendre même si tout s’éclaire généralement après. Je conseille quand même une édition avec quelques notes pour rentrer totalement dans la pièce (par exemple l’édition Folio Plus Classique qui est en plus orné de l’affiche que Mucha avait fait pour la pièce, que demander de plus !).  Sur ce je retourne étudier un passage du livre !

(Et bravo à ceux qui ont tout lu, chapeau bas, moi faire ce billet m’aura permis de réviser tout ce que j’ai déjà vu sur ce livre en vu d’un devoir très bientôt !)

Anna Karénine de Léon Tolstoï

«Chaque fois que Vronski lui adressait la parole, un éclair passait dans les yeux d’Anna, un sourire entrouvrait ses lèvres ; et, si désireuse qu’elle parût de la refouler, son allégresse éclatait en signes manifestes. « Et lui ? » pensa Kitty. Elle le regarda et fut épouvantée, car le visage de Vronski reflétait comme un miroir l’exaltation qu’elle venait de lire sur celui d’Anna.»

Première phrase : Toutes les familles heureuses se ressemblent ; les familles malheureuses le sont chacune à leur façon. 

Edition : Le livre de Poche

Nombre de pages : 1021

Mon avis : 

Et voilà que je me lance maintenant dans la littérature russe, et que je me demande comment j’ai pu en rester éloignée si longtemps étant donné la fascination que j’ai pour ce pays. Et je ne commence pas par n’importe quel auteur, j’ai décidé il y a de cela quelques semaines de m’attaquer à un livre du grand Monsieur qu’est ce cher Léon (après plus de deux semaines en sa compagnie je me permets de l’appeler pas son petit nom, qui est en plus si joli), j’ai nommé Anna Karénine.

Je dois dire que j’appréhendais un peu ma lecture malgré l’enthousiasme débordant d’une amie avec qui j’ai énormément de goûts en commun. Pour moi, Tolstoï c’était : des phrases de trois pages à la Proust, des descriptions à n’en plus finir, des réflexions psychologiques incompréhensibles. Bref, un auteur qui m’aurait été totalement hermétique ! Et bien non, du tout. Il y a énormément de dialogues, le style est parfaitement accessible et le point de vue intérieur que l’on a souvent permet de vraiment bien connaître les personnages et de s’attacher (ou pas) à eux de manière aisée.

Les points de vue sont multiples et permettent une connaissance approfondie de presque tous les personnages qui sont également très nombreux. Nous avons donc une certaine omniscience sur la vie de tous ces personnages qui sont plus ou moins liés.

Tolstoï a fait très fort avec ses personnages. Il n’y en a pas un que je n’ai pas détesté à un moment du livre pour finalement revenir sur mon jugement ensuite. Leurs aventures nous prennent tellement à coeur, nous sommes tellement proche d’eux, que c’est impossible de leur rester indifférent.

L’amitié, l’amour, la rivalité, la famille et sa structure, la politique, l’agriculture, la religion, l’adultère sont autant de thèmes présents dans ce long roman.

L’amitié entre Lévine et Stépane, deux personnages que j’ai particulièrement appréciés (complètement adoré pour être franche) est très forte et belle, leurs différences fortes nombreuses se complètent à merveille et c’est ça qui fait de leur amitié un délice. Le caractère si charismatique, la prestance de Stépane et son petit côté pas sage m’ont totalement fait chaviré, et l’intelligence, la manière de parler, le caractère retiré du monde et un peu mystérieux de Lévine m’ont fait fondre. Lorsque les deux personnages étaient ensemble, c’était un régal !

Autre personnage important masculin de l’histoire : Vronsky, pour lequel j’ai eu un peu de mal au début, je le trouvais égoïste, superficiel et il n’était pas spécialement intéressant, mais forcément, Monsieur Tolstoï arrive à nous le faire aimer ensuite. Quel grand monsieur ce Tolstoï !

Passons aux personnages féminins. Dolly est celle qui m’a le plus touchée, et son caractère doux est très apaisant. Le personnage éponyme, par contre, je ne l’ai que rarement aimé dans le roman, elle évolue dans l’excès et ce n’est pas ce qui me plaît. Autre personnage important : Kitty que je ne supportais pas au début du roman à cause de son côté très petite fille, devient une femme attentionnée, un peu naïve mais charmante.

Cette évolution des personnages est un des grands points forts du roman, on ne reste jamais fixé sur notre opinion du départ et les maintes péripéties auxquelles ils sont confrontées nous montrent un grand nombre de facettes de leur caractère et nous offre d’eux une connaissance complète.

Autre point fort : l’ambiance. Malgré mon aversion pour le froid en général je rêve d’aller en Russie (paradoxale, moi ? Si peu.), donc suivre cette nuée de personnages dans les rues glacées de Moscou, les bals de St Petersbourg, découvrir la campagne qui s’endort et s’éveille… et même passer un petit moment en Italie, c’est enchantant !

Mais ce monde argenté, la noblesse russe est décrite de manière très critique par Tolstoï grâce à une fine ironie dont l’on se délecte. Elle montre bien que le souci de l’apparence peut conduire au drame, dans cette société où tout passe par le paraître.

Et cette dénonciation est d’autant plus forte grâce à l’opposition que Tolstoï met en place à travers les deux couples majeurs de ce roman. D’un côté on blâme Anna de son comportement parfois enfantin, capricieux et refusant de voir la vérité en face, de l’autre : son irrespect des conventions sociales et son émancipation face aux normes imposées font notre admiration. Tolstoï nous fait voir différentes facettes de l’adultère : la culpabilité d’Anna face à son fils mais son incapacité à vivre sans amour et passion.

La religion, en plus du mariage, est également remise en cause (les deux sont liés d’ailleurs) à travers les doutes de Lévine. La dernière partie du livre met bien en exergue toutes les questions métaphysiques qu’il se pose et la philosophie qui en ressort.

Je finirai sur la structure du livre très astucieuse : les chapitres sont très courts et voir les numéros de ceux-ci donne l’impression d’avancer (ce qui est assez réconfortant dans un pavé comme celui-ci). De plus, ils alternent souvent différentes histoires selon les personnages. Donc si on aime pas un personnage ou que quelques passages paraissent un peu long, on continue quand même d’avancer en se régalant par avance des aventures qui arriveront à nos favoris dans quelques pages.

Donc pour conclure, je suis tombée sous le charme de l’écriture et de la psychologie qui se dégage des personnages mais il m’arrivait d’en avoir assez de certains personnages et de leurs histoires. (Pour évidemment les aimer encore plus après.) Et je vais maintenant pouvoir relire pour la énième fois L’élégance du hérisson et saisir tous les passages qui font référence à Anna Karénine (et peut-être même enfin écrire un avis sur cette perle qui arbore une place dont il peut être fier sur mon podium de livre).

Oh et petit aparté, une nouvelle adaptation sort le 5 décembre avec un casting appétissant, donc c’est une bonne raison de le lire avant d’aller le voir au cinéma ! Et quant à moi, j’irai le voir sans aucun doute parce qu’outre le fait que j’aime beaucoup comparer les livres et les films, je ne veux pas louper des costumes pareils !

(Et en vrai j’ai lu ce livre au édition de la Pléiade mais comme il y avait un autre roman avec, je vous mets la plus jolie édition possible !)

Quelques livres en vrac … (2)

Me voilà revenue de vacances et ayant lu une bonne dizaine de livres pendant celles-ci, je vais reprendre le principe des avis rapides (premier volet ici) pour une bonne partie des livres lus, sauf pour quelques uns qui auront le droit à un article pour eux tout seul (les chanceux).

Commençons par les quelques uns que j’ai abandonné lâchement, par manque de motivation et par l’envie de lire un livre avec plaisir au soleil.

Lignes de Faille
Nancy Huston

Ce livre se divise en quatre parties, chacune consacrée à un membre de la famille, on remonte dans le temps à travers des périodes de vies des quatre narrateurs. Je me suis arrêtée à la fin de la première partie car elle ne m’avait vraiment pas été agréable à lire. On a le point de vue d’un enfant de six ans avec des capacités mentales hors du commun, et ce qu’il dit ammène une ambiance malsaine et montre l’enfant comme manipulateur. Ce n’est pas le genre de chose qui me gêne en littérature habituellement, donc ce n’était peut-être pas la bonne période pour lire ce roman, ou alors le fait que ce sentiment soit attribué à un enfant, le renforce et le rend encore plus pesant. Peut-être le reprendrais-je plus tard.

Editions Acte Sud
481 pages, 21.60 euros

Blue Jay Way
Fabrice Colin

Je n’ai vu que des avis positifs sur ce livre, et comme il est en plus sorti chez Sonatine c’était pour moi une valeur sûre. Eh bien que nenni, je vais faire dissonance mais je n’ai pas du tout apprécié ce roman, mais je pense que c’est tout à fait personnel. On est plongé dans la jeunesse hollywoodienne et ce que ça comporte : excès en tous genres : drogues, alcools, sexe. Donc déjà c’est pas mon truc cette ambiance, et en plus j’ai trouvé que ça faisait cliché. Le personnage central m’énervait ainsi que les autres. Je n’ai pas accroché à l’écriture : les dialogues font faux et surjoués, type mauvaise série policière, et la construction du récit ne m’a pas plue. Bref, aucun regret de l’avoir arrêté.

Editions Sonatine
481 pages,  22.30 euros

Voilà pour les abandons, il y a aussi eu Petits suicides entre amis d’Arto Paasilino, mais je pense qu’il peut me plaire, c’était juste pas le bon moment, je le finirai bientôt je pense. Passons aux autres livres :

Les Hirondelles de Kaboul
Yasmina Khadra

Avec ce livre, je finissais le triptyque Orient/Occident que nous offre Yasmina Khadra. Après l’Irak et l’Israël, c’est maintenant l’Afghanistan que décrit l’auteur. Le livre commence fort, et nous décrit la place des femmes dans la sociétés et l’occupation du pays par les talibans à travers deux couples très différents. Nous suivons leur vie et les rapports qu’ils entretiennent entre eux et avec leur pays. Cette partie est riche d’informations, mais la fin du roman devient totalement romanesque et semble invraisemblable, ce qui décrébilise le reste du livre. Un peu déçue par ce tome, et L’attentat reste donc celui que j’ai préféré.

Editions Pocket
149 pages, 5.70 euros

Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates
Mary Ann Shaffer et Annie Barrows

Ce livre avait fait grand bruit à sa sortie en 2009 et il traînait dans ma bibliothèque depuis pas mal de temps et la mère de ma meilleure amie m’a convaincu de l’en sortir, c’est donc chose faite. Et je ne regrette pas ! Il est sous forme épistolaire, genre que j’apprécie, et on suit Juliet, jeune femme anglaise, auteure à succès qui va découvrir peu à peu les habitants de Guernesey. Le ton est léger mais raconte toutefois des épisodes de l’histoire qui le sont moins, l’occupation de l’île, les restrictions alimentaires, les rapports avec les allemands et à travers Elizabeth, jeune femme qui est le fil rouge du récit sans qu’elle ne soit jamais présente, les camps et les traitements qu’on y infligeaient aux prisonniers. Mais le livre reste très frais et agréable à lire, les nombreuses anecdotes m’ont fait sourire et même si tout est assez prévisible, c’est un bien joli livre.

Editions 10/18
411 pages, 8.80 euros

Un soupçon légitime
Stefan Zweig

Je continue ma découverte de cet auteur à travers ses nouvelles. Celle ci n’est pas une des plus réussi que j’ai lu, il n’y a pas de chute époustouflante, c’est assez attendu, tout l’art de cette nouvelle réside dans la narration et la subjectivité de la narratrice dont les sentiments sont comme toujours, admirablement décrits.

Editions Grasset
81 pages, 10.20 euros

La Peur
Stefan Zweig

Encore une nouvelle de ce remarquable auteur, et mieux réussi à mon goût ! Celle-ci est plus longue ce qui permet de faire monter crescendo le sentiment dominant du récit, qui est, vous l’aurez deviné, la peur, mais aussi l’appréhension et la honte. Le personnage du mari m’a beaucoup plu, ainsi que les échanges qu’il a avec sa femme (très peu nombreux). La chute est vraiment très belle, tout en restant surprenante comme je les aime.

Editions Le Livre de Poche
54 pages pour la nouvelle, 22.30 euros l’intégrale

Les chaussures italiennes
Henning Mankell

Déjà, j’adore la Suède. Je rêve d’y aller, sans savoir vraiment pourquoi mais c’est assez magnétique, donc un livre suédois ne pouvait rester longtemps dans  ma PAL. Je n’ai pas été déçue, l’auteur arrive parfaitement à nous immerger dans cette île perdue de la Baltique où habite seul Fredrick Welen. Les personnages sont tous très marquants et tous marginaux, ils vivent presque tous coupés du monde ou du moins coupé de la civilisation telle qu’on la définit aujourd’hui. Les thèmes abordés comme la vieillesse, la mort, les promesses et le mensonge, sont excellemment bien traités, d’une manière crue mais à la foi très douce grâce au style de l’auteur. Celui-ci est très épuré et agréable et comme dit plus haut, rend parfaitement les impressions des lieux. Les sentiments sont également parfaitement rendus, et l’émotion est au rendez-vous. Il s’avale en très peu de temps, plongez-vous y sans hésiter !

Editions 10/18
373 pages, 7.60 euros

Le club des incorrigibles optimistes
Jean-Michel Guenassia

Et me voilà replongée dans l’Europe de l’après guerre, c’est un peu obsessionnel cette période pour moi en ce moment, mais tant que je ne tombe que sur des bons livres ce n’est pas près de cesser ! Nous suivons Michel, un jeune garçon dans les années 60, qui va se lier d’amitié avec les membres d’un club d’échecs qui sont tous des pays de l’Est (URSS, Tchécoslovaquie, Pologne).  L’histoire de Michel n’est pas seulement celle d’une adolescence à Paris, mais une chronique de la vie parisienne en plein Gaullisme, dans une famille qui parle de la guerre d’Algérie, d’engagement, de déchirements mais aussi d’amitiés précieuses. Ces chapitres sont entrecoupé d’autres sur l’histoire des principaux membres du club et ce qui les a fait arriver en France, l’abandon de leur famille pour vivre dans une grande instabilité, avec leur attachement nostalgique au socialisme en arrière plan. Les retours en arrière sont très bien fait et comme j’aime beaucoup apprendre sur l’URSS, ça m’a forcément plu. Des histoires de croisent, des secrets résistent jusqu’à la fin du livre et les personnages sont tous extrêmement attachants et le mot optimiste n’est pas pour rien dans le titre, on lit le sourire aux lèvres ! Je conseille très fortement ce coup de coeur dont on dévore les 700 pages !

(Et on file voir la chronique de Diabazo qui est superbe et totalement en adéquation avec ce que je pense du livre ! )

Editions Le Livre de Poche
730 pages, 8.50 euros

Voilà un tour d’horizon sur une partie de mes lectures de l’été, on revient normalement à Simone de Beauvoir ou Sartre pour le prochain article ! (Obsessionnel vous dis-je, obsessionnel.)  

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme de Stefan Zweig

Scandale dans une pension de famille « comme il faut », sur la Côte d’Azur du début du siècle : Mme Henriette, la femme d’un des clients, s’est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n’avait passé là qu’une journée… Seul le narrateur tente de comprendre cette « créature sans moralité », avec l’aide inattendue d’une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez la fugitive. Ce récit d’une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l’auteur d’Amok et du Joueur d’échecs, est une de ses plus incontestables réussites.

Première phrase : Dans la petite pension de la Riviera où je me trouvais alors (dix ans avant la guerre), avait éclaté à notre table une violente discussion qui brusquement menaça de tourner en altercation furieuse et fut même accompagnée de paroles haineuses et injurieuses.

Edition : Le Livre de Poche

Nombre de pages : 127

Mon avis : 

Aux premières pages de ce court récit, on pourrait se croire dans un Agatha Christie, en effet toutes les conditions sont rassemblées : une pension de famille « comme il faut », des couples étrangers en vacances, une petite dame Anglaise, un narrateur qui nous fait part de ses réflexions sur toutes ces personnes et un scandale. Une femme de bonne condition s’est enfuie avec un français en abandonnant mari et enfants, il n’en faut pas plus pour troubler tous nos protagonistes. Le narrateur va s’intéresser à cette femme qu’il défendra – bien au-delà de [sa] conviction intime ! – et attirera ainsi l’attention de notre petite dame anglaise.

Ce récit n’est donc pas celui de cette femme fine, délicate et très discrète, mais celui de Mme C. notre dame anglaise. Récit qui nous plongera dans les tréfonds de l’âme humaine. Nous sommes entraînés dans cette histoire, comme si nous étions avec Mme C. durant les vingt-quatre heures qu’elle nous narre, derrière son épaule, au casino à épier les mains des gens, elles qui dévoilent tant de leur personne, sur ses pas dans la rue, dans un taxi… En plus d’être plongé dans ses actions, nous naviguons dans ses pensées, interrogations, hésitations et autres tumultes qu’implique la passion dont elle va être victime. Victime, car on sait que cela ne peut pas bien se terminer. On attend donc, en tournant fébrilement les pages, la fin de cette histoire dans laquelle Zweig inscrit un suspense crescendo.

Et même s’il y a un suspense sous-jacent tout au long du roman, la description des sentiments est très présente. Stefan Zweig possède l’art de les dépeindre magnifiquement, que ce soit par la subtilité des comportements de ses personnages ou par les mots qu’il arrive à placer sur leurs émotions, on ressent la tornade de sentiments qui agitent les acteurs du récit. Car Zweig brosse un tableau de sensations violentes, incontrôlables, involontaires. Comme des vagues qui se déversent subitement dans le cœur et les gestes des personnages sans qu’ils puissent y échapper. Ainsi Zweig nous montre aussi bien la passion amoureuse foudroyante, la passion du jeu que le désespoir après l’abandon de l’être aimé ou les conséquences de cette passion dévastatrice qui nous fait agir d’une manière dont on ne se serait jamais cru capable.

Les personnages, peu nombreux au final, sont intéressants et on s’attache très facilement à eux. Mme C. est fascinante par son histoire et la façon qu’elle a de la raconter, à la manière d’un lourd secret qu’elle a besoin de confier.

Le roman est court, mais terriblement dense ce qui contribue à l’intensité des sentiments décrits. Il est intéressant de voir qu’en peu de pages, nous pouvons en avoir autant que dans un roman fleuve, voire plus. L’écriture de Zweig est fluide et agréable, sans fioritures mais tout en étant très poétique et légère, comme un souffle agréable qui nous effleure sans déranger.

Au final, un coup de cœur que je conseille à tous, très vite lu mais imprimé dans les mémoires pour longtemps.