Quelques livres en vrac… (4)

Après quelques mois d’absence (révisions, orientation, bac (que j’ai eu), décontraction, vacances) me voilà de retour, et je l’espère plus régulièrement.

Tout d’abord, un petit récap. J’ai lu pas mal de livres ces derniers mois, surtout durant les vacances, pas autant que je l’espérais évidemment mais c’est souvent comme ça !

Je commence à la rentrée une licence de lettres modernes parcours édition (quelques cours spécialisés dans ce domaine et stage lors du dernier semestre de la licence). J’espère que j’aurai le temps de chroniquer quelques livres fréquemment, et peut-être même les livres étudiés en cours : Madame Lafayette et Marivaux me voilà ! En tous cas je suis vraiment ravie de faire ce parcours et j’ai hâte de voir comment ça va être.

 Passons maintenant aux livres que j’ai lu cet été :

Une chambre à soi - Woolf Une chambre à soi

Virginia Woolf

Première rencontre avec cette femme hors paire (et pas la dernière !), je commence donc par un essai. Et quel essai ! Virginia Woolf expose le besoin qu’a une femme d’avoir une pièce pour elle uniquement où elle pourrait écrire en toute tranquillité et ce qui permettrai une grande avancée dans la condition littéraire de la femme. Mais pas que ! Tout d’abord, l’essai est mis en scène : nous sommes à Oxbridge, où les bibliothèques sont interdites aux femmes si elles n’ont pas d’autorisation, idem pour la pelouse. Les règles sont posées, nous sommes dans un monde où les femmes ont besoin du conscentement masculin pour faire quoi que se soit. Virginia pose alors la question : comment une femme peut-elle réfléchir, écrire, penser, si elle ne peut être seule à aucun moment ? Elle pose alors deux postulats, pour que les femmes puissent se voir accorder une place importante dans la littérature il leur faut : une chambre où il est possible de s’enfermer à clé, et 500 livres de rente, au point de préférer cette dernière condition au droit de vote qui venait d’être accordé en Angleterre. L’essai est divisé en plusieurs chapitres qui traitent de choses différentes. Dans le premier, elle cherche des livres sur la condition féminine pour expliquer le fait qu’elle soit si différente de celle des hommes, et décide de chercher chez les « doctes », mais s’aperçoit bien vite qu’ils ne sont jamais d’accord, et surtout, qu’il n’y a que des hommes qui ont écrit des livres sur les femmes s’en faisant une spécialité. Un par exemple, est basé sur l’hypothèque que Shakespeare aurait eu une sœur aussi talentueuse que lui, mais qu’à cause de la pression des hommes elle n’aurai jamais réussi à s’élever et pire, serai morte déchue. Dans d’autres, elle compare la littérature écrite par des hommes à la littérature écrite par des femmes, en évoquant de grands auteurs et surtout, parlant en beaucoup de bien de Jane Austen. L’écriture est un fleuve, on navigue au gré de la pensée de Virginia qui nous est livré comme brute, bien qu’on sente qu’il y a derrière une grande réflexion et un important travail sur les mots.

Edition 10/18

Clarissa - ZweigClarissa

Stefan Zweig

Ce livre là me tentait depuis un bon moment mais je n’ai jamais eu l’occasion de l’acheter, et puis la demoiselle de ce blog me l’a offert pour mon anniversaire, donc me voilà partie en voiture vers la mer avec.
C’est une petite nouvelle qui se lit vite et qui est très entraînante. L’histoire se déroule sur plusieurs années et on ne cesse de rencontrer des personnages qui viennent et repartent dans le livre. Parfois on les recroise, parfois pas, mais ils restent toujours présents à notre esprit tant ils sont marquants. Clarissa est une femme discrète et très attentive aux autres mais qui ne laisse rien voir d’elle-même. On la découvre petit à petit dans ses rapports aux autres, dans les choix qu’elle fera, dans ses doutes, ses convictions. C’est une femme engagée et fidèle a qui on s’attache énormément tout au long du roman. J’ai vraiment tout aimé dans ce livre : le père de Clarissa, un homme très peu démonstratif mais aimant pour qui la stratégie militaire est toute sa vie, son frère, son amant et la liberté de leur relation, l’époque décrite : l’entrée dans la première guerre mondiale… Zweig signe encore là un merveilleux portrait de femme qui prend vie dans la grande Histoire dans cette nouvelle qui est un véritable bijou à lire absolument !

Edition Le Livre de Poche

Mrs Dalloway - WoolfMrs Dalloway

Virginia Woolf

Je poursuis ma découverte de cette grande dame, de ce génie, qui n’a pas eu besoin de plus des quelques pages de l’essai dont j’ai parlé précédemment pour me convaincre de son talent. Après l’essai, le roman.
On ne peut pas dire qu’il se passe grand chose dans ce livre, en effet Virginia Woolf veut nous décrire « la vie d’une femme concentrée en une seule journée ». Pas qu’il ne se passe rien dans la vie d’une femme, on a à travers cette journée tous les petits gestes habituels mais aussi des rencontres qui ravivent le passé et l’on passe d’une conscience à une autre qui nous fait vivre ce passé à travers des souvenirs. On suit donc Clarissa Dalloway mais aussi un homme revenu de la guerre qui ne ressent plus de sentiments et qui tombe dans la folie peu à peu, homme qu’on perçoit à travers ses yeux mais aussi ceux de sa femme, ceux du médecin, ceux de Mrs Dalloway qui le croise dans la rue… Le roman est ainsi fait de passages de relais entre deux consciences qui nous font voyager entre différents personnages plus ou moins liés. Le style de cette dame est toujours enchanteur et extrêmement raffiné, on pourrait noter chaque phrase en citation. Beaucoup d’allusions, certaines directes d’autres moins, sont faites à la mer, aux vagues, et à l’eau en général, ce qui est assez éclairant, surprenant ou stupéfiant quand on connaît la manière dont elle s’est suicidée… Je garde donc l’image d’un roman avec quelques longueurs mais qui se font oublier par le style magnifique et qui mérite une relecture car je pense qu’on n’en saisit pas toute la richesse à la première lecture. Pour l’instant j’ai préféré son essai.

Edition Folio Classique

L'ignorance - KunderaL’ignorance

 Milan Kundera

Je continue ma découverte de cette auteur à petit pas. Ce livre évoque le rapport que nous avons au temps, et plus particulièrement à notre passé. A travers Iréna et Joseph, immigrés de Prague pour Paris pour la première et pour le Danemark pour le second. Chacun retourne à Prague vingt ans après leur départ, et y éprouve un sentiment de rejet de la part des autres qui ne leur posent aucune question sur leur vie ailleurs. Eux se sentent incomplets sans leur vie à l’étranger qui fait partie d’eux, les autres leur refusent leur nouvelle identité, s’ils veulent revenir il leur faut oublier ces 20 ans. Tant Sylvie, l’amie française d’Iréna que les praguois, ne comprennent pas que ces immigrés n’éprouvent pas de nostalgie pour leur pays, et pour cause, ils ont maintenant la nostalgie de leur pays d’accueil. Evidemment, ces deux protagonistes vont se croiser, une nouvelle fois car ils s’étaient déjà aimé dans leur jeunesse, et une réflexion en naîtra. L’écriture est intéressante car elle mêle récit et paragraphes qui se rapproche de l’essai qui explicitent un peu l’histoire par une comparaison à Ulysse et à son retour à Ithaque après 20 ans d’absence. En résumé, une réflexion intéressante sur le besoin qu’on a de son passé pour vivre.

Edition Gallimard nrf

Millenium 3 - StiegMillénium 3 : La Reine dans le palais des courants d’air

Stieg Larsson

Voilà, dernier tome de la sublissime (oui, au moins) saga Millenium achevé. Je dois dire que je suis en deuil à l’idée de ne plus revoir Mickaël et Lisbeth dans des aventures haletantes et complexes comme ce le fut pendant ces trois tomes (franchement Stieg, t’aurais pu rester en vie un peu plus longtemps…). En tous cas, on peut dire qu’il finit sur un tome magnifique ! Toujours mêlant le thriller, l’économie, la politique, la police, le journalisme d’investigation, le droit des femmes, dans des affaires qui s’élèvent à un niveau international. En effet, le grand méchant de l’histoire n’est rien d’autre qu’un ancien espion russe ayant trouvé terre d’asile en Suède contre des renseignements… Nous entrons dans la SAPO, la police secrète de Suède, où un grand complot s’est monté. Le talent de Stieg Larsson est de nous offrir de nombreux personnages au charisme fort et à la personnalité nuancée, tant ceux qui sont du « bon » côté que ceux qui sont du « mauvais », mais surtout des enquêtes ultra documentées qui ne font qu’enrichir en permanence la qualité non contestable du roman. L’écriture est rapide, efficace mais avec une véritable verve. Pour moi ce tome est le meilleur et rattrape merveilleusement bien le tome deux que j’avais trouvé par moment un peu lent. En bref : à lire ABSOLUMENT !!

Edition Actes Sud


L'homme à la colombe - GaryL’homme à la colombe 

Romain Gary

Depuis que j’ai découvert cet auteur il y a trois ans, je découvre ces œuvres peu à peu, et celle ci me tentait tout particulièrement. Romain Gary a travaillé un moment à l’ONU à un haut poste, et s’est rendu compte très rapidement de la vacuité de cette organisation. Ce livre à la plume acerbe et sans appel dénonce de manière très directe les Nations Unis, après Albert Cohen et son roman Belle du Seigneur dans lequel est dénoncée la Société des Nations à travers ses employés qui font des cocottes en papier dont la taille varie selon l’importance ce l’employé (et ce n’est qu’un exemple parmi les moyens qu’emploie Cohen pour dénoncer cette institution…), nous avons Gary et l’ONU. C’est à l’occasion de ce roman qu’il utilisa un pseudonyme, car lors de la parution de ce livre, il travaillait encore à l’ONU. Autant, la manière d’écrire et les descriptions de l’ONU m’ont fait beaucoup rire, autant l’histoire que Gary met en place pour développer cette critique ne m’a pas convaincue du tout. D’ailleurs, je m’en souvient déjà presque plus… Je conseillerai donc de seulement lire les extraits qu’on peut trouver sur internet qui peuvent être un bon aperçu de la satyre qu’est ce livre.

Edition Gallimard, L’imaginaire

Voilà pour les livres ! Il y en a eu d’autres, mais je n’éprouve pas l’envie de les chroniquer, et un article suivra consacré entièrement à Lire Lolita à Téhéran de Azar Nafisi.

J’espère que vous avez passé de bonnes vacances, que si vous y êtes encore vous en profitez bien, et que si vous n’en avez pas encore eu qu’elles seront reposantes ! Bonne fin d’été à tous ! 🙂

God save la France de Stephen Clarke


Les tribulations d’un jeune anglais au pays de la lingerie féminine, des suppositoires et des grèves – surprises…

Nom : Paul West.

Age : 27 ans.

Costume : Paul Smith.

Langue française : niveau très moyen.

Fonction : jeune cadre dynamique promis à un grand avenir.

Occupation : déjouer les pièges potentiellement désastreux du quotidien français.

Ambition : qu’un jour un garçon de café vienne le servir quand il le hèle.

Hobby : lingerie féminine.

Signe particulier : Paul West serait le fruit d’un croisement génétique entre Hugh Grant et David Beckam.

Première phrase : L’année ne commence pas le 1er janvier, tous les français savent ça.

Nombre de pages : 319

Édition : Pocket

Après en avoir entendu beaucoup de bien sur livraddict et surtout l’avoir vu à 1 euro chez Book-off, comment hésiter à l’acheter ?

Nous voilà donc parti en compagnie de notre jeune Anglais, ironique et critique vis à vis de la France et ses coutumes, traditions, habitudes ! Tout y passe, de la grève aux suppositoires, des habitudes de travail  (eh bien oui, tous les français quittent leur travail à 15h le vendredi, vous ne le saviez pas ? Moi non plus !) aux week-end dans la maison de campagne, et les inévitables embûches dont les trottoirs de Paris sont semés, et sans oublier les visites d’appartements…

C’est un livre très sympa, j’ai franchement ri à certains passages, d’autres souri, Stephen Clarke nous fait redécouvrir Paris à la mode Anglaise, et nous fait remarquer les spécialités du vocabulaire parisien (particulièrement dans les bars).

La première partie est agréable, on suit Paul West dans  ses tribulations parisiennes, on explore, on apprend à le connaitre. La deuxième est plus axé sur la vie nocturne de notre Mister Anglais, celà reste plaisant, mais moins drôle.

Petit extrait qui m’a bien fait rire :

En mai de cette année là, les professeurs se mirent en grève au lendemain de la fête du travail. (…) Pire puisqu’en France la grève est une sorte de fête folklorique, tous décidèrent de se joindre à l’orchestre -les postiers, les vendeurs, les camionneurs, les acteurs, les ouvreurs d’huitres, les éventreurs de fromages, les fabricants de gilets de maîtres d’hôtel, les étireurs de baguettes, les ratatineurs de saucissons et toutes les branches inimaginables de l’industrie française. La police resta à son poste assez longtemps pour asperger de gaz lacrymogène quelques manifestants, puis se rallia aux mouvement. »

Et comme vous pouvez le voir grâce à cet extrait, l’auteur s’appuie sur des faits réels. Nous sommes donc en 2005, avec comme fond la guerre d’Irak, et tous les éléments majeurs de cette année (dont je me souviens peu, vu que j’avais 10 ans…) ce qui appuie le sentiment de réalité qu’on ressent à la lecture du livre.

Pour conclure : un livre très sympa pour se détendre. On rigole bien, malgré une seconde partie avec des longueurs !