La force de l’âge de Simone de Beauvoir

Vingt et un ans et l’agrégation de philosophie en 1929. La rencontre de Jean-Paul Sartre. Ce sont les années décisives pour Simone de Beauvoir. Celles ou s’accomplit sa vocation d’écrivain, si longtemps rêvée. Dix ans passés à enseigner, à écrire, à voyager sac au dos, à nouer des amitiés, à se passionner pour des idées nouvelles. La force de l’âge est pleinement atteinte quand la guerre éclate, en 1939, mettant fin brutalement à dix années de vie merveilleusement libre.

Première phrase : Je me suis lancée dans une imprudente aventure quand j’ai commencé à parler de moi : on commence, on n’en finit pas.

Edition : Folio

Nombre de pages : 787

Mon avis : 

Voilà un peu plus d’un mois que j’étais sur cette auto-biographie et je commençais vraiment à n’en avoir marre bien que le livre soit passionnant ! Pourquoi ce délais alors ? Ce n’est pas que je n’ai pas aimé, ou que cela ne m’intéressait pas mais commencer un pavé de presque 800 pages en période d’examens blanc n’est pas forcément une bonne idée. De plus que le beau temps est arrivé, et avec lui les sorties, plus le salon du livre, etc… Et donc peu de temps pour lire et pas forcément l’envie. Après cette digression, passons au livre !

Ce tome est la suite chronologique de Mémoire d’une jeune fille rangée que j’avais lu cet été, et ayant énormément aimé le personnage et me reconnaissant en Simone de Beauvoir par certains traits de caractères, je m’y étais beaucoup attachée. J’ai donc commandé tous les tomes de son autobiographie que j’ai eus à Noël.

On retrouve donc Simone de Beauvoir en septembre 1929 lors de son retour à Paris, mais le récit même est précédé d’un prologue dans lequel elle explique qu’elle n’a pas le même détachement sur sa vie d’adulte que d’enfant et que par conséquent, certains faits seront volontairement éludés. Bref, Simone de Beauvoir est maintenant enseignante et loge à Paris en savourant sa vie libre de toutes contraintes.

Le récit se situe entre son retour à la capitale et la libération de cette même ville en Août 1944 donc. Avant la guerre, Sartre et elle vivait dans une certaine insouciance, entre randonnée, voyages, sorties et leur travail respectif dans différentes régions de France. La période de guerre occupe une bonne partie du livre, on découvre l’Occupation, la « douce » montée du nazisme en France, la vie sur le Front à travers Sartre, les dictatures qui s’installent dans les pays voisins et l’organisation pendant cette période d’une manière plus directe et plaisante que dans les livres d’histoires. Historiquement et politiquement, le livre est donc très riche.

Il y a aussi une part accordé aux contemporains de l’auteur, on rencontre pas mal d’écrivains, de philosophes, de metteur en scène, de musiciens etc… Par forcément directement mais par les lectures, les pièces, les musiques que Simone de Beauvoir lit, voit et écoute. Il y a d’ailleurs un portrait particulièrement savoureux d’Albert Camus.

On suit le parcours personnel de Simone de Beauvoir dans son travail d’écrivain mais aussi dans son avancée personnelle, deux chemins liés et qui ont des incidences l’un sur l’autre. On peut regretter des longueurs car le récit est parfois trop centré sur les actions et pas sur l’interprétation de ces actions, ce qui ammène une énumération de fait un peu monotone mais beaucoup de passages passionnants effacent ces longueurs ! J’ai relevé une bonne vingtaine d’extraits (plus ou moins longs) qui part leur propos ou style sont très intéressants et à relire sans modération.

Ce livre m’a également permis d’apprendre beaucoup sur moi, sur les relations que l’on peut avoir avec les autres, ce que l’on peut attendre d’eux ou pas, et certainement plein d’autres choses inconsciemment.

Voilà donc un livre très intéressant tant par le côté historique, culturel et personnel qu’il peut apporter. Cependant, ne vous attendez pas à trouver le combat d’une féministe à l’image de Simone Weil en ouvrant ce livre, Simone de Beauvoir n’est pas encore une femme engagée à cette période de sa vie.

12 réflexions sur “La force de l’âge de Simone de Beauvoir

  1. Je tiens à préciser (sans méchanceté aucune) que ce sont des memoires, les faits ne sont pas exacts, car ils sont un moment de vie que l’auteur peut enjoliver ou juste modifier car il se fie à ses souvenirs et non aux faits réels.
    Sinon merci pour ton blog, il est agréable et très interessant

    • Oui c’est sur, c’est totalement subjectif mais la base des évènements racontés est quand même vraie. Elle le précise d’ailleurs dans sa préface, que ayant moins de distance face à ses évènements que face à son enfance, ce qu’elle racontera ne sera pas forcément exact. (Aucun problème, les remarques sont toujours positives ;))
      Merci pour le compliment !

  2. Il faut absolument que je découvre Simone de Beauvoir et cette présentation me donne tellement envie ! Je vais aller chercher ses mémoires d’une jeune fille rangée 😉 ! Merci de la découverte !

  3. Je t’avouerais que je ne suis pas fan du touuut des autobiographies et puis ce nombre de pages m’apeure un peu en ce moment alors les deux combinés je vais pour l’instant me tenir un peu loin de cet ouvrage. Ceci-dit je suis bien intriguée par le portrait qu’elle peut faire de ses contemporains …

    • Oui passe ton tour alors parce que là tu feras une indigestion ! Les portraits ne prennent pas une place très importante et peuvent-être assez brefs, je t’enverrai celui de Camus si tu veux. 🙂

  4. J’avais mis beaucoup de temps à lire le premier Simone de Beauvoir aussi, ça a beau être très bien écrit et plein d’intérêt, pour moi c’était nécessaire de le lire par petites tranches pour l’apprécier complétement.
    En tout cas, j’ai très envie de lire ce second tome. D’autant que comme tu le dis, la période historique est hyper intéressante. =)

    • Oui par petites tranches ça peut-être pas mal, on doit même plus l’apprécier que d’un coup !
      J’espère qu’il te plaira. 🙂

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